Rire, pleurer, ou s'en foutre ?

Publié le par Tisto

La magie de la fibre optique et des câbles internet sous l'Atlantique me permet de rester au contact de l'actualité. Comme quoi le progrès technologique n'apporte pas toujours la joie de vivre... Si vous n'étiez pas au courant, il faut le savoir : nous sommes en crise. Et oui. Mais comme le dit la Chanson du Dimanche, l'essentiel c'est "la pêche" !

- La Caisse d'Epargne annonce une perte de 600 millions d'euros à la suite de spéculations boursières non maîtrisées. Nicolas Sarkozy, plus que jamais sur les sentiers de la chasse au bouc (émissaire), demande aux responsables de tirer les conséquences de cette faillite. Etant donné qu'il ne serait pas politiquement correct ni techniquement réalisable de pendre en place publique Jean-Marc Sylvestre, Adam Smith, Milton Friedman et la cohorte de veaux bêlants en choeur les louanges de la dérégulation et du libre-échange, les trois principales figures du directoire de la Caisse d'Epargne ont annoncé aujourd'hui leur démission. Heureusement, chacun d'entre eux conservera des responsabilités à la hauteur de leurs incommensurables capacités de gestion. M. Charles Milhaud, président du directoire, restera en poste notamment pour superviser le rapprochement avec la Banque Populaire (encore plus de pognon à perdre en perspective !) ; Nicolas Mérindol, directeur général, souligne à l'instar de Raymon Domenech qu'il veut rester "au service du groupe" et devrait prendre "de nouvelles fonctions" au sein de celui-ci ; Julien Carmona, responsable des finances et du risque (pourquoi cette redondance dans le titre ?), devrait dans un futur proche être directeur général en charge des finances et ainsi quitter le directoire du groupe. Précision ici que ce qui me broute la raie (pour parler vulgairement) est moins le fait que des hommes de valeur, sans doute titulaires méritants de jolis diplômes HEC plaqués or, gardent un emploi décent ; en ce contexte de crise on ne peut que ce réjouir du maintien de l'emploi, y compris dans ces catégories précaires que sont les métiers de la finance. Non, je suis simplement un peu blasé de constater une fois de plus ce qu'on appelle "la socialisation des pertes et l'individualisation des profits", c'est-à-dire ce phénomène, un peu dommageable pour la cohésion sociale, qui fait que quand les ronds rentrent on se les partage en petit comité, et que quand c'est l'heure de raquer on se cotise tous ensemble. Mais passons.

- Les Etats-Unis vont refinancer leurs banques en y investissant environ 700 milliards d'euros (plan Paulson) ; l'Union Européenne bat immédiatement le record en annonçant le débloquage de 1000 milliards d'euros dans un but similaire. En soi, évidemment, on se rend pas compte de l'intérêt de ces chiffres qui, vu leur montant, ne signifient plus grand chose, si on ne les situe pas dans un contexte qui permet d'en goûter toute l'ironie. Précisons donc deux éléments pour rigoler un brin :
       - Ces quantités de monnaie vont être affectées au refinancement des banques déficitaires, c'est à dire à passer l'éponge derrière des irresponsables ayant investi dans des domaines qu'ils savaient plus que douteux et qui ont bien entendu fini par leur péter sur le coin de la gueule.
       - La dette totale des pays du Tiers-Monde s'élève à un montant d'environ 100 milliards d'euros (merci au camarade Franek pour l'info, j'espère qu'elle est vérifiée parce que j'ai pas recoupé avec d'autres sources, honte à moi). Pas besoin d'être un petit génie des mathématiques pour rire doucement de la comparaison entre les deux montants et les enjeux qui y sont liés.

Pour l'anecdote, signalons que les créanciers des pays du Tiers-Monde refusent d'annuler entièrement leur dette, non pas parce qu'ils sont des gros méchants, mais pour une raison "d'aléa moral". L'aléa moral, c'est une justification qui pourrait à la limite se comprendre : ça veut dire qu'on refuse d'annuler la dette de ces pays de peur qu'ils ne s'endettent sans limite, sachant qu'on passera derrière pour effacer l'ardoise. Moi, je veux bien. Mais dans ce cas, ça veut dire qu'il faut admettre qu'on autorise aux établissement bancaires des faveurs qu'on refuse à des pays. Juste histoire d'être clair. Mais passons.

- La cote de popularité de Nicolas Sarkozy est remontée de six points en octobre.

- 13 500 postes de plus vont être supprimés cette année dans l'Education Nationale, "priorité du gouvernement de François Fillon" (Valérie Pécresse).

- Josiane Nardi, compagne d'une personne sans papiers s'est tuée en s'immolant par le feu devant la maison d'arrêt du Mans afin de protester contre la menace d'expulsion pesant contre son conjoint. Selon Luc Chatel, porte-parole du gouvernement et Secrétaire d'Etat, "ce n'est pas une affaire de sans-papiers".

- Pie XII, Pape entre 1939 et 1958, va peut-être être canonisé par l'Eglise catholique. Rappelons au passage (même si l'histoire ça sert à rien, vu qu'ils sont tous morts là-dedans) que ce cher Pie XII a gardé durant toute la Seconde Guerre Mondiale un "silence assourdissant" (dixit je sais plus qui) sur la question de la Shoah, et aurait peut-être contribué à l'extradition de criminels de guerre nazis vers l'étranger après la guerre pour échapper au jugement. Benoît XVI, notre Pape bien-aimé, a déclaré lors d'une messe à la mémoire de son illustre prédécesseur, que celui-ci avait par sa discrétion et son silence "évité le pire" pour les Juifs. Pour l'anecdote, encore une fois, il est riant de noter la similité entre cette pseudo-justification et celles souvent concédées au Maréchal Pétain et au régime de Vichy en général par ceux qui considèrent que "les chambres à gaz furent un point de détail dans l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale". Mais passons.

- Bernard Laporte, auteur cette semaine d'une brillante sortie sur la nécessité d'arrêter de jouer des matchs contre ces salopards d'arabes qui font rien qu'à siffler notre bel hymne national (ou en tout cas de les délocaliser en province), ce cher Bernard affirme "prendre goût à la politique" et n'exclut pas de se présenter prochainement à une élection. On ose espérer que dans ce cas la réponse des électeurs sera rapide et sans bavures, mais rien n'est moins sûr par les temps qui courent.

Et pendant ce temps, on ne parle toujours pas ni de la Bolivie, où le gouvernement  démocratique d'Evo Morales est mis en danger par le séparatisme des minorités riches et propriétaires, ni de l'Afrique, ni des problèmes défensifs récurrents de l'équipe d'Argentine, ni d'une foule de sujets pourtants graves et importants. Que voulez-vous, nous sommes en crise...


"Mécontent des schémas qu'on nous propose
Je cultive maintenant les roses dans mon microcosme
Mesure les dégâts minimes que mon micro cause
Cela ne peut qu'aller mieux alors j'attends la fin de leur monde"

Akhénaton feat. IAM - Soldats de fortune, 2006
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P
belle prose dans le style constat d'échec. Je pourrais dire qu'il y a aussi des trucs pas mal en ce moment sur cette planète, mais j'y croirais même pas. <br /> Allez, va soutenir l'activité économique argentine en mangeant de la bonne grosse bidoche, <br /> A pluche
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L
en forme, mon fils ! tu as raison, l'indignation, ça conserve : regarde ta mère :)<br /> je t'embrasse fort
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T
il me semble que tu as oublié l'Information (et oui avec un grand i, j'insiste !) à savoir que Sœur Emmanuelle, sa sagesse et sa joie de vivre nous ont quittés... sans vouloir me lancer dans une campagne de conversion au catholicisme des gens que je côtoie, je voudrais juste vous dire de ne pas oublier le message pour lequel elle s'est battue toute sa vie... je crois que c'est le plus important... à côté, la crise, c'est de l'anus d'huître...
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P
mon tisto je voudrais pas t'irriter la raie outre mesure mais il y a un salopard qui bidouille tes fibres optiques pour t'empecher d'acceder à toute l'info :un pretre de l'opus dei vient d'etre nommé curé de je ne sais plus quelle paroisse de notre Fille ainée de l'eglise. C'est pas la nomination qui me defrise c'est le fait qu"ils" ne se sentent meme plus obligés de le camoufler; l'eveque du diocese interviuwé par cette meute de journalistes dont on connait l'intrepidité concluait "c'est tres bon pour les vocations , la preuve il y a bien plus de fideles que d'habitude"...
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