"Final de trayecto... final de trayecto..."

Publié le par Tisto

« Chère Argentine, Argentina querida,

 

Il y a maintenant presque 365 jours que je vis chez toi. Cela signifie que je suis sur le point de te quitter. J’aurais envie de te dire mille choses, bien que ça risque d’être difficile. La première de ces choses est un immense merci, un merci grand comme ta pampa et le ciel qui va avec, grand comme l’Aconcagua et mes Andes adorées, large comme l’avenue Nueve de Julio dans la plus grande de tes villes. Parce que de semaine en semaine, j’en ai accumulé des moments, des phrases, des bouts d’images qui tiennent à peine dans ma boîte crânienne. Je pourrais dire « j’ai beaucoup appris », mais en même temps j’apprends tous les jours depuis que je suis né. En vivant ici, disons que j’ai appris des choses différentes.

 

Bien entendu, je ne peux pas dire que ça ait toujours été facile. Très souvent, je me suis posé la question fatidique : « mais qu’est-ce que je fous là ? ». Ce n’est pas grave ; il paraît que ça arrive à tout le monde, d’autant plus quand on est loin de chez soi. Et c’est vrai que tenter l’ailleurs alors qu’on a déjà l’ici, ce n’est pas évident en soi. Souvent, j’ai eu l’impression de tourner en rond, de ne pas trouver ce que je cherchais ; sans doute que je ne savais pas vraiment ce que je cherchais, ce qui – tu en conviendras – n’aide pas à trouver. Alors j’ai marché dans tes rues, j’ai exploré tes villes, j’ai parlé ta langue. J’ai fait la sieste. J’ai pris tes bus. J’ai appris à me réjouir de n’avoir que 15h de trajet. J’ai mangé ta nourriture. J’ai bu ce machin que tu appelles « bière » et qui en vient à vous faire regretter la Kronenbourg ; j’ai aussi bu cette chose, mi-médicament mi-produit ménager baptisé Fernet. Je me suis demandé qui pouvait boire ça ; j’en suis devenu accro. Et à force de chercher, marcher, explorer, parler, dormir, manger, boire, un beau matin je me suis réveillé, et il s’était passé un truc de dingue : j’étais chez moi. Pas de passage, en vacances, en visite : chez moi. Et ça, c’est vraiment dingue. Je ne sais toujours pas à quoi ça tient, mais le fait est que ça marche.

 

En vivant chez toi, j’ai connu tes habitants. Ça non plus n’a pas été facile, parce que Dieu sait qu’ils ne sont pas aisés à connaître vraiment. Mais j’ai fini par en trouver, et des bons. Des non-argentins aussi, au premier rang desquels une masse de français assez incroyable. Il a fallu apprendre à gérer cela aussi. Et puis en vrac : des colombiens, des chiliens, des brésiliens, des anglais, un autrichien et même un australien, et j’en oublie. Dieu sait aussi que dans ce vrac y’a des gens biens. Ça me fait penser que j’ai aussi profité de vivre chez toi pour rendre visite à tes voisins : le frère ennemi chilien, la petite cousine bolivienne. J’ai pu me rendre compte à quel point vos relations n’étaient pas simples, à quel point mon Union Européenne n’est pas une chose naturelle. J’ai aussi vu une télévision honteuse et une politique crapuleuse.  J’ai suivi les empoignades de tes gouvernants et je suis devenu pinguïniste ; j’ai regardé tes reportages sur les braquages, les meurtres et autres détournements de mineurs, et j’ai presque eu peur. Mais je ne te fais pas la leçon : vu la télé et les politiciens que j’ai chez moi, ce serait déplacé.

 

Bon, j’aurais encore un million de choses à te dire, cent mille mercis pour chaque sourire et chaque image que j’ai vu par ici, pour les conneries que j’entends raconter Luciano et Alejandro de l’autre côté de ma porte au moment même où je t’écris et qui me font me marrer comme un débile. Malheureusement le temps me manque pour tout raconter, et encore plus pour voir tout ce qu’il me faudrait voir. La solution serait de revenir te visiter. Pour le moment, je n’en sais rien. Mais j’avoue avoir du mal à m’imaginer ne jamais plus te revoir. Alors comme on dit chez toi : ciao, nos vemos ! ».

*

*    *

 

Voilà, ce blog est terminé. Il n’est pas dit qu’il n’y ait pas un tome 2 un de ces jours ; en attendant, un grand merci à tous de m’avoir lu pendant un an. Je me rends compte en fait que cette page, qui était avant tout destinée à donner des nouvelles, m’a permis (très égoïstement) de me raconter à moi-même mes aventures, ce qui ne veut pas dire que j’y ai menti, mais que le fait de raconter permet de donner un peu de sens à plein d’expériences en bordel. Voilà, c’était la pensée du jour, sur http://tistoenmendoza.over-blog.com. La rédaction vous souhaite une agréable journée. A très vite.

 

Tisto

 

 

Remerciements sincères :

 

A toutes celles et tous ceux qui ont lu ce blog, d’autant plus s’ils ont pris le temps de m’y laisser un petit commentaire. En vrac : Mamita, Papito, les frangins, Chéchette, Pikool, Pedrito, Tess, Lambert, Rafifouille la fripouille, Patrick, Titibou, Pascal le yukka, el Pata, la Boubou, Z, RogerIsBack, Serge Plantier, Valou, Ouss, Silje, Twinette, Edith, onc’Fé, tonton Pitard, Guéguet, Gregyou, sa grande sœur Vio, Lae, et ceux que j’oublie bien entendu.

 

Spécial cassedédi et big up :

 

Chupete Suazo pour sa précision footballistique et sa punkitude jamais démentie,

Mister Van Tanguito pour les nouvelles de Secret Story et pour son méthodique pointage de mes inepties,

Oteur2Tjours pour ses conseils journalistico-psychoanalytiques,

Et bien entendu la Mamacita, visiteuse n°1, pour son soutien indéfectible.

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R
ES DIFICIL NO ACTUAR COMO PADRE CON HIJOS DE 20.......<br /> HASTA PRONTO........NOS VEMOS...........<br /> RDOLFO.
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Z
MERCI A TOI pour ce blog! <br /> TRISTE pour toi que cette période en terre Argentine se termine mais...<br /> HEUREUX de te revoir parmi nous!<br /> Z
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L
Bonsoir messire !<br /> Alors que vous quittez - pour le moment, qui en douterait ? - ce continent, l'humble Lambert y fait ses premiers pas... et comme il est bavard il raconte sa vie sur : http://latetealambert.over-blog.com/<br /> En esperant etre a la hauteur de votre succession<br /> youpi<br /> ciao
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P
Merci. Ce fut un plaisir de te suivre.
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